In a slow, mad and stubborn dance, on the borderline between conscious discourse and free bodily exploration, the sound materials that make up Odontophilia seem to struggle between chaos and organization. At once fragile and powerful, pure and dirty, familiar and yet disquieting, they tell the story of an obsession.
I chose these sound sources for their power to evoke emotion: raw, dirty, false but honest vocals; synthesizers with contours that are always elusive, massive but trembling; piano, ivory turned raw material.
These instruments are deployed slowly, between simple, repetitive melodic material and an exploration of sound masses evolving to the rhythm of our emotions, a stacking of layers of memories from which images escape, gateways to our unconscious.
Each emotion is stretched to the point of abstraction, plunging us into a thick flow. Sometimes we recognize something, like a familiar face in a dream. Silence is a rare breath of oxygen, a heavy suspension between two plunges into the murky waters of this river.
Shapes come and go, offering us a continuous sonic experience. We construct meaning a posteriori, to reassure ourselves, as we do when writing the history of the person we have become, illuminating our past with a discriminating lantern, turning our backs on ourselves. Odontophilia proposes to explore matter as pure sensation, a reduced listening of melody opening onto our inner space.
En français :
Dans une danse lente, folle et entêtée, à la limite du discours conscient et de l’exploration corporelle libre, les matières sonores qui composent Odontophilia semblent lutter entre chaos et organisation. À la fois fragiles et puissantes, pures et sales, familières et pourtant inquiétantes, elles content l’histoire d’une obsession.
J’ai choisi ces sources sonores pour leur puissance d’évocation émotionnelle : de la voix brute, sale, fausse mais honnête; des synthétiseurs aux contours toujours fuyants, massifs mais tremblants; du piano, ivoire devenu matière brute.
Ces instruments sont déployés dans la lenteur, entre un matériel mélodique simple et répétitif et une exploration de masses sonores évoluant au rythme de nos émotions, un empilement de couches de souvenirs desquels s’échappent des images, portes d’entrée de notre inconscient.
Chaque émotion y est étirée jusqu’à l’abstraction et nous plonge dans un flux épais. On y reconnaît parfois quelque chose, comme un visage connu dans un rêve. Le silence y est une rare bouffée d’oxygène, une suspension lourde entre deux plongées dans les eaux troubles de ce fleuve.
Les formes se font et se défont et nous proposent une expérience sonore continue. Nous construisons le sens a posteriori, pour nous rassurer, comme nous le faisons en écrivant l’histoire de la personne que nous sommes devenue, éclairant notre passé d’une lanterne discriminante, nous tournant alors le dos à nous-même. Odontophilia propose d’explorer la matière comme pure sensation, une écoute réduite de la mélodie ouvrant sur notre espace intérieur.
Après avoir étudié à l'ATLA en 2004 (guitare) puis au conservatoire de Pantin en 2010 (medaille d'or de composition électroacoustique) Tana participa à divers projets: composition pour film, poésie, danse, court metrages, live électronique et plusieurs projets musicaux comme Les Louise Mitchels, Mr Eddy, Volcan, Mortero, Presque Maudit et Guilty Pleasures.