YEE by Paul Kawczak

- John Lennon : Bonjour Paul, merci de me recevoir.
- Paul Kawczak : Merci, John, c’est un plaisir.
- J.L : Avant de commencer, Paul, peux-tu me dire comment on prononce ton nom?
- P.K : « Kav – zak »
-J.L : Merci. Paul, tu écris des livres, mais tu fais également de la musique dans ton temps libre, peux-tu m’en parler ?
- P.K : Oui, John. Si j’avais pu choisir, j’aurais choisi la musique comme occupation numéro un, mais je manque crucialement de talent musical. Mais je préfèrerais être aveugle que sourd. Ce qui me manquerais le plus visuellement, c’est la lumière du soleil, mais je pense que je la ressentirais avec ma peau.
- J.L : Où as-tu appris la guitare ?
- P.K : À 16 ans, j’ai demandé à ma mère de me payer des cours. Mais ça n’était pas très concluant. Je m’ennuyais. Ensuite, j’ai rencontré mon ami Antoine. Il m’a appris à jouer sur la gamme pentatonique et à faire des power chords. J’ai perdu contact avec lui au début de la vingtaine, aux dernières nouvelles, il est dans une secte en Inde. Vers 18 ans, j’ai eu un enregistreur quatre pistes, je composais des trucs. L’essentiel de ce que j’ai appris je le dois à mon obsession maladive pour les Beatles qui m’a permis de survivre à l’enfer dépressif, douloureux et terne qu’était mon adolescence. Tu sais John, un jour j’étais presque persuadé que tu étais mon père. À cause d’une odeur d’après rasage sur un de tes albums à la médiathèque. Il n'y avait pas d'homme à la maison. Je me pensais indigne de toi. Indigne du rock and roll. Je veux écrire une chanson qui s’appelle “Indigne du Rock and Roll”.
- J.L : Je t’aime Paul, tu sais…
- P.K : (Sanglots) Merci John…
- J. L. : Ton dernier EP, « YEE », traite de la disparition des dinosaures, peux-tu m’en parler un peu?
- P.K : (Renifle) Oui. J’étais passionné de dinosaures avant d’être passionné par les Beatles. J’ai compris bien plus tard que le cri tragique des rockeurs et celui des dinosaures, c’était le même. C’est le cri de qui voit l’avenir. Une sorte d’accident de voiture, mais longtemps avant l’impact.
- J.L : Tu crois à l’avenir?
- P.K : Si j’embrasse une fille et que je crois à l’éternel retour, alors je suis un peu heureux, car je sais que cela reviendra, même si ça prendra des milliards d’années.