« Cueille de l'herbe pour manger la nuit ; mange des détritus». C'est ainsi qu'est décrite Séraphine Louis, artiste-peintre, dans son dossier médical après avoir été internée dans un hôpital psychiatrique de l'Oise, « Psychose chronique » disait-on. Dans l'indifférence générale et le dénuement le plus total, elle y décédera d'un cancer du sein. De faim, aussi. Herbe et détritus.
On a grandit dans cet Oise-là, avec 3 asiles au milieu de nous, l'HP comme on disait. Pas plus de 6 kilomètres les séparaient. Amis, famille, connaissances, on ne compte plus le nombre de personnes croisées ayant travaillé ou fréquenté ces structures, encore aujourd'hui. Ça nourrit des ventres, sauve parfois des vies et brise souvent des corps. Ça laisse des traces, que l'oubli, la condescendance ou le mépris n'effaceront pas.
Développement personnel, ésotérisme, spiritualité new-age, y'a qu'à-faut qu'on : les solutions miracles ne manquent pas dès qu'on aborde la santé mentale. Positivons et ça ira mieux.
Mantra paresseux qui ne fait que mettre sous le tapis l'essentiel : pourquoi les problèmes dits mentaux augmentent constamment depuis des années ? Pourquoi les conditions de soin empirent ?
Pourquoi une solution individuelle ne saurait répondre à un enjeu COLLECTIF ?
La santé est définitivement l'affaire de tout le monde.
Qu'on le veuille ou non.
La santé est avant tout POLITIQUE.
Besoin d'un état des lieux. Par nos vécus, celui de nos proches, SOUS CONTENTION essaie à travers 6 morceaux de raconter des situations lorsqu'on est confronté à la psychiatrie.
Qu'est-ce que c'est que d'y travailler ? D'aller mal ? D'être dépendant ? D'être enfermé à coup de cachetons, de chambre d'isolation ?
Aucune prétention d'avoir toutes les réponses, on essaie déjà de comprendre ce qui se joue, en décrivant. En écrivant, en composant. Plutôt que de se mettre nous aussi à bouffer de l'herbe et des détritus.