Bluesman from Contreforts by L'1consolable
Tracklist
| 13. | Bluesman | 4:31 |
Lyrics
Fin XIXe dans le Mississipi
l’apartheid est typique comme pour natifs et tipis,
le régime est inique, gare à qui ne s’y plie
guère, les Noirs sont ségrégués et n’ont que peu de répit,
la tristesse se chante en douze mesures
pour ç’ui qui a la vie dure, le blues le pousse, peut sur-
-monter les blessures qu’il a sur le coeur et toutes de sur-
-croît s’y retrouvent narrées par ç’ui qui n’a que le blues de
sûr !
Au crépuscule, le corps sonne creux,
les idées sont noires et les notes comme bleues,
quand le blues s’empare de moi je l’entonne comme j’peux,
pas d’harmonica dans mon cas : c’est une bonne prod
qu’j’veux,
comme ceux de Memphis Slim à B.B. King
qui distillent la lassitude d’une vie difficile,
quand une culture est illicite et pourtant richissime,
quand elle cultive l’indocilité avec discipline !
Refrain:
[Bluesman] Je suis un bluesman !
[I’ve got nothing, I’ve got nothing !] (x3)
[Bluesman] Et qui sait jusqu’où le blues mène !
[I’ve got nothing, I’ve got nothing !]
Comme Robert Johnson,
j’ai vendu mon âme au diable pour mes vers cognent,
sonnent,
et j’opère comme tonnent les voix d’nos pères, m’cantonne
à entonner l’blues chaque fois qu’du fil à r’tordre ma vie
précaire m’en donne,
d’puis les rivières sans bornes
où s’écoulent les foules de larmes qu’ils nous pillèrent en
somme,
le blues libère, rend l’homme sous l’joug d’mille fers grands
comme
tout l’univers à sa liberté, fait qu’les frères s’cramponnent !
Du blues au rap, c’est la même rengaine,
les mêmes corps que l’on frappe, les mêmes frères en peine,
les mêmes brimés qu’on traque, et leur calvaire entraîne
le besoin de s’exprimer et faire rimer des fins de vers
entre elles,
de douze mesures on passe à seize,
l’rap fait dans la démesure et n’cherche pas l’ascèse,
on prend peu sur nous, pour le bourgeois l’bât blesse,
c’est une musique de survie, on s’en tape qu’ça plaise !
Refrain
Les raisons changent mais le blues reste,
je vous parle là du salariat et de tout l’reste,
je rappe le blues, peste, c’est à ça qu’je voue ce texte,
la liste des victimes s’allonge ; qui dit mieux ? Who’s next ?
Je suis le bluesman de ce bout d’siècle,
je trouve des raisons d’kicker dès qu’j’ai le groove, mec,
le loop fait le lien et dit tout ce que le blues m’lègue,
j’écoute les premiers bluesmen sur de vieux bootlegs !
J’n’ai rien à part ma force de travail,
le Capital veut l’exploiter jusqu’à la mort, me l’assaille,
n’est pas du genre à se soucier de mon accord, que ça m’aille,
pour être franc ma pauvreté j’préfère encore que sa maille !
J’en ai gros sur le poitrail,
tandis que les uns ont trop les autres n’ont plus de quoi graille,
quelle mélancolie ! Mais la colère j’te parle pas de sa taille,
car si l’rap conte nos tristes vies c’est aussi l’plan de bataille !
Refrain
