Alibi by Jacques Tremblay

[EN]
Alibi
“The temporal goals of Baroque constitute a ‘matterism’ (as opposed to the formal and conceptual mannerism that preceded it), which takes concrete situations into account and becomes part of history with an action.”
— Claude-Gilbert Dubois
If I substitute the word ‘electroacoustics’ for ‘baroque,’ I get a definition that corresponds accurately to my approach to electroacoustics.
Whether the sound object is used for its symbolic value, or is diluted by effects in order to retain only its energy and make it a more abstract entity, my work is initially produced from concrete sound objects. The variations come from the inductive nature of the material. The different ways of revealing this induction allow the creation of a form that will either follow the object’s logic, or be in opposition to it. To paraphrase Debussy: “the object creates the form.”
The processes that I use to ‘play object’ are: morphological transformations (transgressions/regressions), mutations, filtering effects (colorations) and montages. I also like to include quotes that refer to a historical event, suggest drama or a ‘semantic shift,’ as in the work “Hérésie ou les bas-reliefs du dogme” (Heresy or Dogma’s Bas-relief), where I use a Gregorian chant which gradually evolves into distortion (the symbolic passage from the pure to the impure). These symbioses and hybrids form a ‘baroquing’ æsthetic.
If I put forward the idea of the baroque spirit, it is not so much to defend this tendency as to better define my approach. Most of my works have been under the influence of a permanent feature: my baroque spirit. As the writer Alejo Carpentier says: “I do not consider baroque to be a historic style, it is more like a constant of the spirit.”
It is only in hindsight that I have realized how much my work is nourished by this constant, and which leads me to a rejection of the defined, the static and the unequivocal.
Electroacoustics also allows me to search for the nocturnal side of images, to find the limits of their symbolism, triggering interlocking effects that send perception towards a new object, a new image, a new signifier, like games of “trompe-l’ouïe” (auditory illusions) and “trompe-sens” (sensory illusions).
It is a quest for an “Alibi”, for spaces, for a deferred elsewhere, where day-dreaming stays so real, it can make you believe that “Life is a dream.”
– Jacques Tremblay, Montréal [x-98]
[FR]
Alibi
«Les objectifs temporels du baroque constituent un “matiérisme” (par opposition au maniérisme formel et conceptuel qui l’a précédé) qui prend en compte les situations concrètes et s’inscrit dans l’histoire par une action.»
— Claude-Gilbert Dubois
Si je substitue les mots ‘du baroque’ par ‘de l’électroacoustique’, j’obtiens une définition qui correspond bien à mon approche de l’électroacoustique. Que l’objet sonore soit utilisé pour sa valeur symbolique ou qu’il soit dilué par des traitements pour n’en garder que l’énergie et en faire une entité plus abstraite, mon travail se fait d’abord à partir d’objets sonores de type concret. C’est du caractère inductif de la matière que naissent les variations. Les différentes mises en lumière de l’induction permettent de créer une forme qui pourra ou suivre la logique de l’objet ou s’y opposer. Pour paraphraser Debussy: «l’objet engendre la forme».
Les procédés que j’utilise pour ‘jouer de l’objet’ sont: les transformations morphologiques (transgressions/régressions), les mutations, les jeux de filtrages (colorations), de montages. J’aime aussi intégrer des citations qui réfèrent à un fait historique, proposent une dramatique ou un ‘glissement sémantique’ comme dans la pièce «Hérésie ou les bas-reliefs du dogme» où j’utilise un chant grégorien qui évolue graduellement vers un son de distorsion (passage symbolique du pur à l’impur). Ces symbioses et métissages forment une esthétique ‘baroquisante’.
Si je mets en relief l’idée de l’esprit baroque, ce n’est pas tant pour défendre cette tendance que pour mieux définir mon approche, du fait que la plupart de mes pièces ont toujours été sous l’influence d’une constante: mon esprit baroque. Comme le dit l’écrivain Alejo Carpentier:«je ne considère pas le baroque comme un style historique mais plutôt comme une constante de l’esprit».
Ce n’est qu’a posteriori que j’ai réalisé à quel point ma démarche s’alimente de cette constante, en particulier dans le partage d’une même négation du défini, du statique et du sans équivoque.
«L’œuvre d’art n’est plus un objet dont on contemple la beauté bien fondée mais un mystère à découvrir, un stimulant pour l’imagination.»
— Umberto Eco
L’électroacoustique me permet aussi de chercher le versant nocturne des images, de trouver les frontières limites de leur symbolisme provoquant des jeux de tui-lages qui font basculer la perception vers un nouvel objet, une nouvelle image, un nouveau signifiant: comme des jeux de ‘trompe-l’ouïe’, de ‘trompe-sens’. C’est une quête d’ «Alibi», d’espaces, d’un ailleurs différé où la rêverie demeure tellement réelle qu’elle peut nous faire croire que «La vie est un songe».
– Jacques Tremblay, Montréal [x-98]
Tracklist
1. | Hérésie ou les bas-reliefs du dogme | 21:30 |
2. | Oaristys | 14:36 |
3. | L’intrus au chapeau de spleen | 12:00 |
4. | Rictus nocturne | 11:38 |
5. | Jeu d’ondes | 3:03 |
6. | La robe nue | 14:06 |
Credits
empreintes DIGITALes 1998
Image: Mark Mushet
Conseil des arts du Canada
IMED 9842_NUM